terça-feira, 24 de novembro de 2009

Niilismo ativo, niilismo reativo



"(...) un monde sans Dieu est, je pense, um monde òu, selon l'expression de Dostoievski, tout est permis, où le réel épuise sa signification dans ses apparences e où il fault être "réaliste". Un Dieu sans monde, c'est une vie spirituelle sans prise sur le réel, une vie de pure évasion et que l'on cesse de prendre au sérieux dès que les loisirs qu'on s'est accordés pour cette vie sont terminés. La vocation de l'homme entier- la vocation du pieux, du juste ou du gracié- consisterait, d'après cette conception du hassidisme, à agir dans le monde comme si Dieu y était présent partout et jusque dans l'immédiat et le sensible; il consisterait à servir Dieu, non pas aux heures d'élevation d'un culte, mais dans toutes les entreprises de la vie quotidienne. La personne humaine, le "je", hic et nunc, empêtrée dans ses problèmes et ses soucis serait un moyen de sanctification. Le Moi humain serait ici la réunion du profane et du sacré. Il ne serait pas une substance, mais un rapport. L'homme est pont, comme le voulait Nietzsche, passage, dépassement. Il faut, d'après cette conception du hassidisme, ressentir dans cette présence concrète au monde une élévation du monde, faire jaillir les étincelles de là-haut qui sont assoupies ici-bas, ,les recueillir et les ramener à l'Ardeur originelle dont elles étaient descendues".


Émanuel Lévinas, La pensée de Martin Buber et le judaïsme contemporain

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