sábado, 3 de abril de 2010

Fariseus, saduceus, essênios



"Le chapitre 12 de Marc et ses parallèles ( Mt 22, Lc 20) présentent un Jésus dialoguant avec des représentants de judaïsmes divers: pharisiens, hérodiens ( en l'occurrence, ils se trouvent liés) et sadducéens. On s'est demandé pourquoi les esséniens sont absents des Évangiles, au point que ceux-ci ne les mentionnent jamais. On sait que leur présence n'était pas restreinte à l'établissement de Qumrân; il y avait même une "porte des Esséniens" à Jérusalem. Jésus ne partageait-il pas les mêmes idées apocalyptques qu'eux, du moins en partie, si bien qu'on peut commenter l'"Apocalypse synoptique" à l'aide des prophéties récrites trouvées à Qumrân? Jésus ne partaget-il pas parfois le radicalisme eschatologique qui oppose un royaume de la lumiére à un royaume des ténébres?

Certains auteurs américains ont eu un grand succès médiatique en supposant que le silence des Évangiles sur les esséniens est dû au fait que Jésus lui-même fut essénien. Mais on trouve aussi des idées eschatologiques fortes chez les pharisiens, et quant au rigorisme avec lequel les esséniens, bien plus que les pharisiens, croyaient devoir accomplir la Loi de Moïse, Jésus ne le partage aucunement. Au lieu d'ajouter comme eux des précisions legales à la Torah, il la réduisit pratiquement à une sorte de noyau. (...). Les pharisiens sont le mouvement le plus proche de Jésus- c'est justement pourquoi il se heurte le plus à eux. La recherche considère les "assidéens" , opposition "piétiste" à la politique d'hellénisation, comme les prédécesseurs des pharisiens. L'auteur anonyme du Livre de Daniel serait leur porte-parole à l'époque de l'hellénisation teintée de Jérusalem. On leur attribue aussi les Livres de Judith, de Tobie et les Psaumes de Salomon, qui sont surtout remarquables pour le messianisme politique exprimé en 18-19.
Les pharisiens visaient surtout la sanctification de la vie laïque juive. Pour préciser ce que la Torah avait laissé en suspens, ils n'hésitaient pas à devenir des innovateurs: Josèphe , par exemple, parle des "règlements que les pharisiens ont introduits", un fait avoué par la Mishna dans Maaser shénie, 5, 15, etc L'intérêt de ces innovations semble être de rendre la Torah praticable. De quelque façon, les pharisiens étaient des humanistes. Ils tâchaient de mettre la Torah à la portée des hommes de leur temps. Tout en l'aggravant en maint détail, ils ont prévu une dispense formelle de l'année sabbatique ( le prozbol). Une autre sorte de sispense est critiquée par Jésus en Mc 7, 11 et parallèles ( en utilisant le terme correct, qorbân). En général, le Deutéronome est le modèle de la piété des pharisiens, tandis que la Loi de sainteté façonne celle des esséniens. Un exemple: le sabbat est-il fait pour l'homme ou bien l'homme pour le sabbat? La question rhétorique posée par Jésus en Mc 2, 27 ne caractérise nullement le pharisaïsme tel que nous le connaissons par ses propres sources; c'est l'essénisme qui fut rigide sur ce point: voir l'écrit de Damas, texte essénien, pour une réponse explicitement négative."

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