sexta-feira, 2 de julho de 2010






" Le clair-obscur de la Révélation donne à penser la foi, non comme l'intrusion de l'irrationnel dans la pensée et la vie, mais comme une ouverture à une altérité irréductible à la connaissance sensible et rationelle. La Bible l'exprime dans son langage non conceptuel lorsqu'elle évoque l'impossibilité de soutenir le face-à-face avec Dieu. insi, lors de l'apparition divine au buisson ardent, "Moise se cacha le visage ( vaiéster Moché panav), craignant de regarder ieu" ( Ex. 3.6). Certains commentateurs en déduisent l'impossibilité de saisir l'essence divine par les sens. Ainsi, selon J. Albo, 'Il avait d'abord cru que c'était un phénomène naturel et il s'était approché pour l'observer. Mais lorsqu'il entendit les paroles :' Je suis le Dieu de ton père', il comprit qu'il était en présence d'un phénomène surnaturel. Il crainigt alors de le contempler car nos sens, loin de pouvoir servir à la perception de l'abstrait, l'entravent au contraire'.

(...) Moïse ne voit donc que le 'dos' ou encore les traces de la lumière divine, comment le comprendre? Tout comme une grande intensité lumineuse brûle les yeux imprudemment exposés à son irrécusable splendeur et les aveugle, nul ne peut, fût-il Moïse, prétendre regarder Dieu face á face. Le statut difficile de ce terme anthropomorphique- la Face- doit se penser en référence avec l'interdit de toute représentation- image, statue- de Dieu: la 'Face' divine reste en effet au-delà de toute captation humaine. (...) Le texte enseigne en effet que, tout en restant invisible, cette Face donne à voir, à ceux qui se tiennent en sa proximité, les traces de sa luminosité, elle-même insoutenable par un regard humain. Elle oriente les yeux sur le monde visible pour qu'ils s'y repèrent et voient aussi tout ce qui demeure dans l'ombre et la misère. (...) ( grifo meu). Or seul l'invisible rend cette vision possible, comme seule la clarté d'un soleil, lui-même interdit au regard, permet de distinguer dans un lieu obscur ce qui provoque admiraton ou effroi".

Catherine Chalier, Sagesse des sens


"In a exemplary study that draws on literature, sculpture and vase painting, François Frontisi-Ducroux has show how the Greeks conceived of the Gorgon, that horrid female head covered with serpents whose gaze produced death and which Perseus, with Athena's help, had to cutt off without seeing. First of all, the Gorgon does not have a face in the sense expressed by the Greek term prosopon, which etymologically means "what stands before the eyes, what gives itself to be seen". The prohibited face, which cannot be seen because it produces death, is for the Greeks a non-face and as such is never designated by the term prosopon. Yet for the Greeks this impossible vision is at same time absolutely inevitable. Not only is Gorgon's non-face represented innumerable times in sculpture and vase painting; the most curious fact concerns the mode of Gorgon's representation. ' Gorgon, the anti-face, is represented only through a face... in a ineluctable confrontation of gazes... this antiproposon is given over to the gaze in its fullness, with a clear demonstration of the signs of her dangerous visual effects.' Breaking with the iconographical tradition by which the human figure is drawn in vase painting only in profile, the Gorgon does not have a profile; she is always presented as a flat plate, without a third dimension- that is, not a real face but as an absolute image, as something that can only be seen and presented. The gorgoneion, which represents the impossibility of vision, is what cannot not be seen. "

Giorgio Agamben, Remnants of Auschwitz


"Pour Rosenzweig, tout peut bien différer entre le régime humain et le régime divin, mais, de façon théomorphique, la parole transcende la transcendance. (...) C'est par la parole que peut s'opérer la mobilisation des structures élémentaires mises a jour par la construction. L'ordre logique prend à rebours l'ordre réel qui est l'ordre de la parole et que la réversion-révélation restitue: 'le language réel présuppose les nversions internes des éléments élaborés dans le prémonde silencieux et la sortie de leurs fragments singuliers dans le (monde) manifeste ( ins Offenbare)'. Le 'manifeste', évidemment rapporté á la révélation ( Offenbarung), vient toujours-dejà parlerle silence prémondain, lá où un élément se fixe, où un dit peut se montrer, mathématique ou atistique, qui assemble en un but une unicité logique ou une forme plastique. La révélation représente une mutation du dit ( Gesprochenes) en dire ( Sprache). Ce dire ne peut être simplement rapporté à un 'contenu propre' et expressif. Il est 'parcours', 'voie'. Dans la révélation, la pensée parlante laisse ainsi se dédire la cohésion muette ou visible du prémonde. Par ce dédire révélant, s'oure un infini extérieur radicalement autre que 'l'infinitude recourbée sur soi-même de l'idéalisme".

Gérard Bensussan, Franz Rosenzweig, Existence et philosophie


"La relation sociale, le surplus de socialité qu'elle favorise, est donc tendue entre la relation éthique où l'Autrui me tient en otage et la guerre où je puis tenir Autrui en otage et le tuer. Entre guerre et paix, la relation sociale se cherche "concrètement", sans jamais trouver la juste place. Gradation, dégradation, rythmique plus ou moins juste, histoire lus ou moins juste qui fait transiter d'un involuntarisme où je suis tout à l'autre ( il y a un 'inconscient éthique", une inconscience 'obligée' de la relation éthique chez Lévinas, qui n'a rien á voir avec l'inconscient de la psychanalise) à ce volontarisme absolu où l'autre est tout à moi. Entre guerre et paix, entre volontarisme de la poussée et involuntarisme, le ton n'est pas le même, plus ou moins juste... Comme si la relation éthique pouvait se détourner, se retourner contre elle-même; non pas déclarer la guerre pour des raisons stratégiques mais se laisser emporter par la guerre. La poussée ravine et fissure la relation. Veut-on alors insinuer que la relation ne peut que se dégrader et solder par un jeu de massacre, par Auschwitz, ce "différend"- pour reprendre le terme de Lyotard- cette injustice radicale puisque la dialectique du maître et de l'esclave s'y est fracassée. Effondrement de la relation: pour le bourreau, il n'y avait même pas de victime, pour le nazi le Juif n'existait pas. Au champ, c'est la 'relation' qui fut concentrée au point de disparaître. Le champ de concentration invoque le refus de la décentration dont le champ de bataille était le théâtre".


Olivier Mongin, Droit, Paix, Guerre


"Toute relation sociale, comme une dérivée, remonte à la présentation de l'Autre au Même, sans aucun intermédiaire d'image ou de signe, par la sule expression du visage".

Emmanuel Lévinas.

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